Remontées capillaires : quels traitements ?
Temps de lecture : 5 min
Vous observez des traces d’humidité au pied de vos murs, des moisissures s’y sont invitées, la peinture cloque, les papiers peints se décollent, l’enduit noircit, voir même s’effrite ? Et si cela était dû à des remontées capillaires ? Nos pistes pour identifier le problème et vous aider à le traiter !
L’humidité, risque pour les bâtiments et pour la santé
L’humidité n’est pas un problème qui doit être traité à la légère. Présente en excès dans les parois d’un bâtiment, elle va engendrer différents désordres comme la détérioration des plâtres ou des enduits, voire même le pourrissement des bois qui peut aller jusqu’à l’altération des planchers, de l’ossature… et donc de la structure du bâtiment !
Chiffrage immédiat et gratuit
Mise en relation gratuite et sans engagement
De plus, au moment de l’évaporation, les sels minéraux (nitrates et sulfates) contenus dans l’eau vont s’accrocher à la paroi, ce qui va avoir pour conséquence une décoloration des enduits, la corrosion des aciers et l’apparition des efflorescences, corps pulvérulents qui n’ont de poétique que leur nom.
Ces désagréments sont communs à tout problème d’humidité. Et quand l’humidité commence à laisser ce genre de traces, il est grand temps d’agir, à la fois pour préserver son logement mais aussi pour sa propre santé, l’humidité et les moisissures qui en découlent pouvant être sources de problèmes respiratoires et autres allergies.
Problème d’humidité : identifier la source
Il faut distinguer trois principaux types de sources d’humidité :
- Les infiltrations d’eau par la toiture ou les murs extérieurs en cas de fortes pluies
- La migration de vapeur d’eau entre l’intérieur et l’extérieur du logement
- Et enfin, nos fameuses remontées capillaires
Une rénovation de toiture ou un ravalement de façade permettront de mettre fin aux infiltrations, tandis que l’installation d’un système de ventilation adapté constituera une solution efficace pour pallier les soucis d’humidité liés à la migration de vapeur d’eau. Pour l’épineuse question du traitement des remontées capillaires, cela se passe juste en dessous !
Remontée capillaire : définition
Pour comprendre le phénomène qui se cache derrière ce terme, on peut comparer les murs d’un bâtiment à un sucre posé sur un fond de café. Faites le test chez vous : le café va remonter dans le sucre car il va être « aspiré » par le réseau de capillaires microscopiques de ce dernier.
Dans le cas d’un mur, l’eau présente dans le sol est aspirée par des canaux très fins formés par les pores des matériaux qui le composent. L’aspiration de l’eau est accentuée par son évaporation le long du mur. Ainsi, plus il fait chaud, plus l’eau s’évapore et plus les murs aspirent l’eau éventuellement présente dans le sol.
Dans l’architecture traditionnelle, l’humidité du sol - même en présence de matériaux poreux - ne constituait pas de problème majeur car l’eau pouvait s’évaporer librement à travers un sol non imperméabilisé. Mais aujourd’hui, avec l’imperméabilisation des sols de plus en plus importante (trottoir, dallage, etc.), l’eau ne peut plus s’évaporer par le sol et se concentre dans les murs.
C’est la raison pour laquelle certains travaux d’aménagement extérieur qui peuvent paraitre anodins - la réalisation d’une terrasse sur dalle béton par exemple - doivent être précédés d’un diagnostic du bâti existant, afin d’éviter de provoquer des dommages collatéraux dus à l’humidité.
Comment savoir si votre problème d’humidité est dû à des remontées capillaires ?
Définir la source d’humidité dans un logement est une tâche délicate. C’est pourquoi il existe des diagnostiqueurs spécialisés et dont l’expertise est accréditée par un organisme national, le COFRAC (Comité Français d’Accréditation).
Néanmoins, un faisceau d’indices permet d’identifier la présence de remontées capillaires.
L’utilisation de matériaux capillaires dans le bâti
On parle de « matériaux capillaires » du fait de leurs pores fins : briques de terre, mortier chaux, pisé ou torchis, plâtre, mais aussi les pierres tendres (calcaire tendre, grès vosgien, …). On peut aussi voir des remontées capillaires qui ne transitent pas par le matériau du mur mais par son enduit.
La présence de traces d’humidité en bas des murs ou au sol
Il arrive aussi que l’on retrouve des traces dues aux remontées capillaires à plus de 2 mètres de hauteur si un revêtement étanche a été posé en pied de mur.
L’époque de construction
En principe, si le bâtiment a été construit après 1960, il ne devrait pas présenter de problèmes de remontées capillaires puisqu’en janvier 1961, la première version du DTU 20.1 (document technique unifié) impose des coupures de capillarité à 15 cm au-dessus du niveau du sol le plus haut, par le biais d’une bande anti-capillarité ou d’un mortier d’imperméabilisation de 2 cm d’épaisseur. Néanmoins, on peut se trouver en présence de remontées capillaires sur un bâtiment neuf si la coupure anti-capillarité a été mal réalisée ou mal positionnée…
Dans tous les cas, il reste indispensable de faire diagnostiquer son logement par un expert accrédité, lui seul pourra définir la cause du problème et proposer une solution adéquate.
A chaque problème de remontées capillaires sa solution...
Le traitement des remontées capillaires, c’est un peu comme de la haute couture, on est toujours dans du sur-mesure. Il existe de nombreux moyens de traiter les remontées capillaires, et selon les cas, l’on peut mettre en place des solutions correctives et/ou palliatives, mais aucune solution ne s’applique à priori, sans un audit de l’existant en bonne et due forme.
Attention également aux fausses bonnes idées, comme poser un revêtement étanche sur la partie abîmée du mur : cela ne fera qu’empirer le problème et les traces d’humidité seront visibles un peu plus haut !
Les solutions correctives
Les solutions correctives sont généralement lourdes à mettre en place, aussi bien en termes financiers qu’en termes techniques. Le choix de la solution dépendra toujours d’un de ces deux critères : le prix et la possibilité technique. Petite revue des traitements des remontées capillaires.
Le drainage périphérique ou vertical
Le drainage périphérique consiste à mettre en place une tranchée drainante le long des fondations de la maison. En facilitant l’évacuation de l’eau qui stagne en pied de mur et dans les soubassements du bâtiment, cette tranchée va éviter qu’elle ne vienne s’infiltrer et remonter dans les murs. Solution efficace au bout de quelques mois et pérenne, le drain périphérique nécessite d’avoir de l’espace autours des murs de la maison et n’est donc pas adapté aux constructions mitoyennes. Côté prix, comptez environ 120 euros du mètre linéaire.
La barrière étanche
Ce procédé relativement délicat est le plus courant. Il consiste à réaliser plusieurs perçages de la base des murs pour y injecter un mortier hydrofuge (appelé également résine hydrophobe), qui va créer une barrière étanche dans l’épaisseur de la maçonnerie. Efficace immédiatement, l’injection de résine hydrophobe coûte de 20 à 200 euros du mètre linéaire, en fonction du type de résine utilisée et selon l’état du mur à traiter. Son effet dure une dizaine d’année.
L’assèchement par électro-osmose
Relativement complexe, ce système consiste à inverser les polarités au moyen d’un système d’électrodes installées sur un mur non enterré, ce qui permet de rejeter l’humidité vers le sol. Efficace au bout de deux mois, la centrale d’assèchement par électro-osmose permet de solutionner les remontées capillaires de faible ampleur. Une centrale de capacité moyenne, pouvant traiter un mur de 15 mètre de long et 50 cm d’épaisseur, coûte de 500 à 2500 euros.
Le siphon atmosphérique
Le système du siphon atmosphérique consiste à installer des tubes drainants en partie basse des murs à traiter, eux même raccordés à un drainage périphérique. Ce système, efficace lorsque le niveau d’humidité dans les murs n’est pas trop important, présente néanmoins l’inconvénient de réduire les performances énergétiques par la création de ponts thermiques.
Les solutions palliatives
Un certain nombre de solutions permettent de réduire notablement les conséquences des remontées capillaires sans en traiter directement la cause :
- La mise à nu des maçonneries de façade pour accélérer l'évaporation de l'eau,
- La mise en place d’un doublage avec lame d'air ventilée vers l’extérieur du côté intérieur des murs,
- La dépose des revêtements étanches du sol extérieur (dalles, carrelage sur une cour ou une terrasse), pour les remplacer par des gravillons et permettre l’évaporation de l’eau par le sol.
Remontées capillaires : les points d’attention lorsque l’on rénove
En cas de rénovation des murs ou des sols, des remontées capillaires existantes mais sans conséquences peuvent devenir très problématiques. C’est notamment le cas si on étanchéifie les murs avec un enduit de type ciment ou que l’on isole les murs sans traiter le problème latent d’humidité dans le mur.
Avant toute opération d’isolation d’un mur ou de mise en œuvre d’un revêtement étanche, il convient donc de s’assurer que celui-ci est sain.
Et en construction neuve, comment être sûr d’éviter les remontées capillaires ?
En construction neuve, une étude de sol permettra de déterminer le risque lié à l’humidité du terrain. Cela tombe bien : elle est indispensable pour souscrire une assurance dommages-ouvrage, et définir les fondations adéquates de votre future maison !
Au moment de la construction, les points de vigilance porteront sur la mise en œuvre :
- D’un hérisson, et de sa bonne ventilation
- D’un drainage périphérique
- De la barrière anti-capillarité, à 15 cm au-dessus du niveau du sol
Les remontées capillaires sont certes parfois complexes à résoudre, mais ce ne sont pas une fatalité, des travaux bien pensés et bien maîtrisés peuvent en venir à bout. Que vous soyez face à des problèmes d’humidité avérés ou que vous projetiez de faire des travaux de rénovation - comme un ravalement de façade, une isolation des murs, l’aménagement d’une cave en terre ou la création d’une terrasse, faire appel à un professionnel pour établir un diagnostic complet est, vous l’aurez compris, une étape indispensable avant d’agir...