La qualité de l’air intérieur
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Les enjeux de la qualité de l’air sur la santé sont énormes : la pollution de l’air en général cause 45 000 décès prématurés par an en France, soit 12 fois plus que les accidents de la route... Favorisant le développement diverses maladies respiratoires particulièrement chez les sujets sensibles (personnes âgées et enfants), cette pollution, bien que plus palpable à l’extérieur, ne se retrouve pas que dans les rues des villes : elle s’invite dans les logements, avec un air intérieur globalement plus pollué qu’à l’extérieur ! Or, que ce soit à l’école, au travail ou chez soi, nous passons la majorité de notre temps dans des bâtiments. La qualité de l’air que nous y respirons impacte directement notre sensation de confort et, sur le long terme, notre santé ainsi que celle de nos enfants. Alors, comment faire pour respirer un air plus sain chez soi ? Quelles sont les mesures à prendre et les actions à mener ? Plus particulièrement, en cas de travaux, comment s’assurer d’un chantier sain et de qualité ? On fait le tour des solutions !
Mauvaise qualité de l’air intérieur : des causes diverses
Au banc des accusés qui viennent dégrader la qualité de l’air que vous respirez, on trouve des polluants très variés :
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Fibres et particules fines (issues de la combustion du diesel et des appareils de chauffage à bois obsolètes ou mal installés).
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Composés organiques dont les plus connus sont les COV (Composés organiques Volatils).
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Excès d’humidité et moisissures (qui génèrent des composés organiques volatils microbiens et présentent un risque sanitaire élevé).
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Excès de pollens, spores végétales et allergènes divers.
Ces polluants ne viennent pas tous de l’extérieur : nous en sommes également la première source à travers notre mode de vie (avant tout) et les choix des matériaux ou des objets achetés. Par exemple, les meubles bon marché en bois aggloméré, qui diffusent sur le long terme leur formaldéhyde et autres composés organiques volatils dans l’air intérieur, les bougies d’intérieur et autres bâtonnets d’encens ou encore certains produits de nettoyage un peu plus chimiques que d’autres…
Zoom sur les principales sources d’émission de COV
La première source de pollution de l’air intérieur est liée à l’activité humaine :
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Les résidus de combustion lorsque l’on cuisine
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Les émanations de cigarettes
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L’entretien quotidien et surtout les produits ménagers (en particulier les aromes qui donnent cette bonne odeur de propre, alors que le propre n’a pas d’odeur), les bougies parfumées…
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Le bricolage (colles, résine, panneau de particules…)
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Le garage et ses gaz d’échappement (attention donc aux portes non-étanches entre le garage et le reste de la maison qui peuvent laisser passer des polluants tel que le dioxyde de carbone dans votre intérieur)
Les produits de construction, d’ameublement et de décoration peuvent également être une source de pollution de l’air intérieur, avec notamment :
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Le mobilier, dont les colles et panneaux de particules qui les constituent sont souvent une source d’émission de formaldéhydes
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Les peinture et solvants : les peintures acryliques utilisées dans l’habitat utilisent des solvants à l’eau mais il reste tout de même la partie résine et les adjuvants (encadrés par la législation européenne depuis 2012)
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Les joints, mastiques, résines, colles
Sur les produits de construction et de décoration, la présence des COV doit être obligatoirement signifiée par un système d’étiquetage : de A+ (émissions très faibles) à C (émissions fortes). Ces normes sont plus drastiques que celles portant sur les produits d’aménagement – dont les meubles et les panneaux de bois servant à les fabriquer - et notamment le marquage classe E.
Par contre, les produits d’ameublement ne sont pas directement concernés par ce marquage obligatoire : c’est dommage, car leur contenu en formaldéhyde n’est pas neutre et va dépendre de la qualité des matériaux et des procédés de fabrication. Si les informations demeurent généralement assez floues à ce sujet, n’hésitez pas à demander davantage de renseignements afin de connaître la nature du produit d’ameublement et son impact sur l’environnement et la santé.
Qualité de l’air et isolation
Contrairement aux idées reçues et à certaines informations véhiculées, l’impact des isolants sur la qualité de l’air atmosphérique n’est pas avéré. En effet, ils ne sont pas en contact direct avec l’air intérieur pour peu qu’ils soient bien posés (avec pare-vapeur et plaque de plâtre qui assureront une bonne étanchéité à l’air). De plus, 95% des isolants présents sur le marché aujourd’hui bénéficient d’un marquage A+, donc très peu émissifs, bien moins émissifs que certains meubles de grandes consommation.
En revanche, des défauts de conception et de mise en œuvre sont susceptibles de générer des dégradations des matériaux et la prolifération de moisissures et spores, qui elles auront un impact négatif et présenteront des risques sur la santé. D’où l’importance de confier vos travaux d’isolation à des artisans qualifiés et respectueux des bonnes pratiques du bâtiment.
Qualité de l'air et matériaux innovants
On ne le sait pas toujours, mais les fabricants de matériaux de construction innovent également pour une qualité de l'air toujours meilleure au sein des logements. Si des efforts constants sont réalisés pour diminuer l'impact de certains produits (des sols synthétiques, des revêtements muraux ou des laines de verre non émissifs par exemple...), certains matériaux vont plus loin en participant activement à la dépollution de notre air intérieur.
Qualité de l’air intérieur : les gestes simples du quotidien
Malgré cette liste des causes de pollution de l’air intérieur qui peut sembler alarmiste, vous pouvez en limiter sérieusement la présence dans votre environnement quotidien par des gestes simples. Voici quelques conseils :
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Évitez si possible les meubles en panneaux de particule comprenant des formaldéhydes et vérifiez si possible les normes de ces panneaux. La classe E1 (émission inférieure ou égale à 0,124mg/m3) est un minimum. À choisir, misez sur les panneaux de classe E0,5 dont les émissions sont plus faibles (émission inférieure ou égale à 0,62mg/m3).
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Misez sur des produits ménagers (sols, meubles) neutres et labélisés.
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Ne fumez pas à l’intérieur.
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Fuyez les aérosols et autres parfums d’ambiance : le propre n’a pas d’odeur ! Le taux de toxicité des bougies est parfois indiqué sur les étiquettes : pensez à vérifier la provenance et l’étiquetage européen de vos bougies !
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Rincez les sols et les surfaces nettoyées.
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Aérez un maximum suite à des travaux, un “grand nettoyage” ou du bricolage, pendant lequel il vaut mieux garder l’aspirateur à portée de main, surtout en cas de découpe. La poussière de bois peut rester dans l’air très longtemps, et celle du MDF est très toxique ! Ouvrez toujours la fenêtre lorsque vous passez l’aspirateur pour évacuer les poussières rejetées dans l’air ambiant.
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Aérez tous les jours, de 5 à 10 minutes si votre logement est bien ventilé, et si possible en dehors des horaires de circulation dense.
Bon à savoir : l’eau de Javel
C’est un produit toxique et nocif pour l’environnement, pouvant provoquer des maux de tête importants. Il ne doit pas être utilisé dans une pièce sans ventilation, et cette dernière doit être aérée correctement avant d’accueillir des personnes.
Méfiez-vous également des moisissures, acariens et des animaux ! En effet, d’autres sources de pollution, plus discrètes, peuvent s’avérer nuisibles, voire toxiques :
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Les moisissures émettent des spores dans les pièces humides et mal aérées que l’on ingère en respirant. Nettoyez-les avec du désinfectant de préférence sans Javel et rincez. Mais surtout, aérez suffisamment votre domicile, cherchez d’où vient la source du problème, et faites appel à un artisan qualifié pour un diagnostic ventilation.
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Attention aux acariens, qui sont à l’origine de bien des allergies. Veillez à garder votre chambre aérée, pas trop chaude et à changer régulièrement vos draps. Attention également aux canapés en tissu, aux tapis, aux torchons et serviettes… Et à la moquette, véritable nid à acariens !
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Enfin, méfiez-vous des animaux à poils, notamment les chats. Brossez-les dehors, shampouinez-les et… tenez-les à l’écart de vos chambres !
La ventilation : une question de bon sens… et une obligation légale !
Le renouvellement de l’air intérieur est une obligation réglementaire, et cela ne date pas d’hier : les arrêtés du 24 mars 1982 et du 28 octobre 1983 fixent les obligations d’aération des bâtiments neufs, mais les premiers décrets sur le sujet datent de 1955 !
La réglementation prévoit que l’air neuf doit arriver dans les pièces de vie (chambres, salon, …) et être évacué par les pièces de « service » (salle d’eau, toilettes, cuisine, …). Un principe général qui se retrouve dans tous les systèmes de ventilation, et qui, au-delà des obligations réglementaires, relève du bon sens : bien renouveler l’air respiré est donc vital pour rester en bonne santé et préserver une bonne qualité atmosphérique.
Comment renouveler l’air intérieur ?
La méthode la plus simple est bien souvent d’ouvrir les fenêtres 10 min par jour. L’effet est immédiat mais très temporaire… et pas forcément facile à vivre en plein hiver lorsque la température extérieure est très basse ! En outre, ouvrir les fenêtres de sa maison ou de son appartement même peu de temps contribue à refroidir la température intérieure en hiver et à la réchauffer en été ce qui n’est pas sans impacter votre confort et l’environnement.
C’est la solution est minimale quand il n’y a pas de système de ventilation dans la maison, mais elle reste très insuffisante. En pratique, dans les vieux logements dépourvus de ventilation mécanique, l’air intérieur est surtout renouvelé naturellement par les fuites d’air incontrôlées, notamment autour des vielles portes et fenêtres, l’ouverture des fenêtres jouant alors un rôle marginal.
Le problème vient de l’irrégularité du renouvellement d’air par les fuites : quand il y a du vent sur les façades, l’air sera très bien renouvelé, voire même un peu trop ! Et inversement, en l’absence de vent, le logement ne sera pas assez ventilé...
Bon à savoir : dans les vieux bâtiments, les fuites d’air qui permettent ce fameux renouvellement de l’air sont souvent liées aux fenêtres. Et lorsqu’on les change - pour améliorer l’isolation par exemple-, il est très important de vérifier la présence d’un système de ventilation performant pour éviter de gros dégâts sur le logement à cause de l’excès d’humidité (moisissures, décollement des peintures, …) et sur la santé des adultes et des enfants qui l’occupent.
En rénovation, une ventilation complémentaire est généralement incontournable pour assurer la qualité de l’air. La Ventilation Mécanique Contrôlée sert à assurer la ventilation et surtout le renouvellement de l’air à l’intérieur de votre maison, en forçant la circulation de l’air dans le logement là où la ventilation naturelle s’avère peu conciliable avec une étanchéité à l’air performante. On distingue deux système principaux : la VMC simple flux et la VMC double flux.
La VMC simple flux
Avec une ventilation simple flux, le renouvellement de l’air est assuré grâce à un ensemble de gaines et d’un ventilateur électrique. Il est nécessaire pour certains modèles de VMC (autoréglable ou hygro A) de créer des entrées d’air autorégulées dans les menuiseries (porte, fenêtre, baie vitrée) afin de faire entrer l’air extérieur. A l’inverse, l’installation de bouches d’aspiration disposées dans les pièces particulièrement humides permettent l’évacuation de l’air vers l’extérieur via une sortie souvent située sur le toit ou en façade.
La ventilation simple flux a un coût assez faible en comparaison de la ventilation double flux, qui est plus complexe dans son fonctionnement et son installation. Les consommations électriques sont également faibles et permettent ainsi de réaliser des économies, surtout si le système inclut une dimension hygroréglable, qui permet de le solliciter en fonction du taux d’humidité de votre air ambiant et de votre type de chauffage.
Par contre, même si elle est plus facile d’installation notamment dans le cadre d’une rénovation, la ventilation simple flux est toutefois moins efficace que la ventilation double flux en matière d’économies d’énergie : elle extrait de l’air chaud (ce qui génère un surplus de consommation de chauffage), et elle suppose la présence d’entrées d’air (qui viennent dégrader les performances thermiques du logement). Côté qualité de l’air, elle est également bien moins efficace que la ventilation double flux en termes de renouvellement de l’air intérieur.
Au quotidien, cette installation ne demande pas d’entretien conséquent. L’essentiel est de nettoyer les ouvertures et bouches d’aération régulièrement pour qu’elles ne soient pas obstruées.
La VMC double flux, quoi de plus ?
Le fonctionnement de la ventilation mécanique contrôlée à double flux repose sur les échanges entre un flux d’insufflation et un flux d’extraction. L’élément clé de ce mécanisme de ventilation est l’échangeur, bloc à installer de préférence dans la maison (dans un placard sacrifié pour la cause, par exemple), qui sert à récupérer la chaleur de l’air extrait afin de la transférer à l’air soufflé. Par ce biais, les pertes de chaleur – et donc les besoins de chauffage - sont réduits.
Plus besoin non plus d’entrée d’air naturelle : au contraire, plus l’étanchéité à l’air du logement sera optimale, meilleurs en seront les rendements de l’échangeur.
L’air extrait provient des pièces dans lesquelles se trouvent un point d’eau (cuisine, salle de bains, toilettes…), tandis que l’air neuf soufflé est acheminé dans les pièces à vivre. Plusieurs types de gaines coexistent au sein de ce dispositif, en fonction des pièces concernées et du type d’air transporté.
Techniquement plus aboutie que la ventilation simple flux, la ventilation double flux permet une meilleure répartition de la chaleur dans les pièces. L’autre conséquence directe de ce constat est bien sûr une diminution de la consommation de chauffage.
Etant donné que les entrées d’air naturelles ne sont plus nécessaires au fonctionnement d’une ventilation double flux, les habitants gagnent en confort acoustique.
En revanche, de par sa technicité et la nécessité de bien dimensionner l’installation en fonction du volume de l’habitation, la ventilation double flux nécessite l’intervention d’un professionnel expérimenté.
Les autres systèmes de ventilation
Il existe d’autres systèmes de ventilation : les extracteurs d’air pour une seule pièce, les extracteurs double flux et, beaucoup plus rare, le soufflage d’air neuf dans les pièces de vie, appelés ventilation mécanique par insufflation (VMI).
Bon à savoir : en fonction de vos revenu, l'installation d'un système de ventilation peut vous donner droit à des aides et primes à la rénovation énergétique.
À QUELLES AIDES À LA RÉNOVATION AVEZ-VOUS DROIT ?
Faites la simulation et visualisez le montant des aides que vous pouvez recevoir.
Comment s’assurer d’un chantier sain et de qualité ?
Vous envisagez la rénovation de votre logement ? Profitez de cette opportunité pour limiter la pollution intérieure au sein de votre logement en donnant la priorité aux matériaux disposant de l’étiquetage obligatoire, et en faisant confiance à un artisan qualifié qui saura les mettre correctement en œuvre.
La qualité des matériaux
Faites confiance au marquage réglementaire A+, A, B et C sur les produits de construction et de décoration.
En optant pour des produits dont la classe Qualité de l’air est égale ou supérieure à A+ (cela va jusqu’à A+++), les émissions seront réduites de façon très significative. Un excellent moyen de limiter l’impact de vos travaux de rénovation sur la santé humaine. Vérifiez toujours soigneusement la classe du produit avant la pose par l’artisan : pensez à lui demander des échantillons avec la fiche technique, par exemple pour la peinture, et assurez-vous qu’il respecte votre degré d’exigence.
S’assurer d'une bonne pose
Lors de la rénovation d’un logement, il faut certes soigner la qualité des matériaux… Mais ne négligez pas l’importance d’une pose de qualité par votre artisan, même dans le cas d’un simple aménagement de combles ! En effet, les défauts de conception ou de mise en œuvre, accompagnés d’une ventilation inadaptée, causeront de l’humidité, des moisissures, des bactéries…un petit bouillon de culture qui peut à termes rendre votre logement insalubre.
En définitive, pensez à faire appel à un professionnel formé, sensible à la qualité des matériaux et à leur technique de pose. C’est LA personne qui saura vous donner les meilleurs conseils en termes d’évolution et d’aménagement de votre maison, tout en préservant la qualité de votre air intérieur.