Rénovation d’une maison en mâchefer : nos conseils pour ne pas vous casser les dents !
Temps de lecture : 4 min
Vous vous apprêtez à rénover votre maison et on vous a dit qu’elle était en mâchefer. Après quelques recherches sur Internet, vous avez senti l’anxiété monter, sans pour autant réussir à bien cerner de quoi il retournait… Rassurez-vous, vos murs ne sont pas dangereux pour votre santé ! Par contre, le mâchefer est un matériau aux propriétés bien spécifiques, qui mérite de prendre quelques précautions avant d’engager des travaux, et notamment d’entreprendre l’isolation de la maison. Définition, propriétés et points de vigilance lorsque l’on engage la rénovation d’une maison en mâchefer : on vous explique l’essentiel !
Le mâchefer, qu’est-ce que c’est ?
Le mâchefer utilisé comme matériaux de construction est une sorte de béton, produit à base de résidus solides provenant de la combustion du charbon et/ou de métaux issus des industries sidérurgiques. Ces résidus étaient liés à de la chaux, et parfois à d’autres matériaux comme du sable. Ainsi, on retrouve une grande variété de mâchefer.
Chiffrage immédiat et gratuit
Mise en relation gratuite et sans engagement
On peut deviner la composition des murs d’une maison en mâchefer à leur couleur, qui va du gris foncé au gris clair, et à leur texture, friable ou compacte.
Issu du recyclage, le mâchefer était un matériau peu cher qui offrait néanmoins la possibilité de construire des bâtiments dépassant 3 étages. Avant le béton de mâchefer, les constructions étaient réalisées avec des matériaux bruts : pierre, bois, ou terre crue.
Le béton de mâchefer a progressivement remplacé la terre crue en apportant une résistance structurelle supérieure, tout en utilisant des techniques déjà connues et utilisées : le banchage pour la construction en pisé et le montage de murs en bloc agglomérés pour la construction en adobe.
Si on devait faire une comparaison avec les matériaux de construction actuels, le béton de mâchefer équivaudrait au béton cellulaire au plan structurel : relativement léger et produisant des murs autoportants.
Où trouve-t’on des maisons en mâchefer ?
Les maisons en mâchefer se retrouvent autour des sites miniers et sidérurgiques et ont été construites au moment où ces industries étaient en plein essor, principalement entre les deux guerres. Mais on trouve des maisons en mâchefer qui datent de la fin du XIXe siècle et certaines des années 60.
Selon les lieux et les époques de construction, les constructions en mâchefer sont très diverses : de la maison ouvrière à l’immeuble bourgeois en passant par le pavillon de banlieue.
Aujourd’hui, on ne construit plus de maison en mâchefer, d’une part parce que les usines de charbon ont disparu et que l’industrie sidérurgique ne produit plus suffisamment pour exploiter les résidus, mais aussi et surtout parce que le béton moderne s’est imposé comme LE matériau de construction incontournable à partir des années 60.
Ce qu’il faut savoir avant de rénover une maison en mâchefer
Le mâchefer est un matériau à forte inertie, très poreux, autoportant et sensible à la dilatation. Le point sur ces termes un peu techniques, et sur ce que cela implique dans votre projet de rénovation.
Les propriétés des murs en mâchefer
Si le mâchefer n’a aucune qualité en termes d’isolation thermique, il peut néanmoins présenter, dans certains cas, deux avantages sur le plan du confort :
- Il permet, grâce à l’inertie de ses murs, de lisser les températures sur la journée, stockant la chaleur apportée par les apports solaires et la restituant la nuit.
- Il offre aussi une régulation de l’humidité et donc ce que l’on appelle un confort hygroscopique. Le mâchefer a une grande capacité à absorber l’humidité et à la restituer ensuite, comme la chaleur. En été, les murs en mâchefer permettent d’adoucir la température intérieure en évaporant l’eau qu’ils ont stockée.
Avant d’intervenir sur une maison en mâchefer, il est essentiel de bien garder à l’esprit que ces constructions fonctionnent par un subtil jeu d’équilibre : stockage / libération de chaleur et d’humidité, dilatation / rétractation du mur. Une rénovation inadaptée peut venir mettre en péril cet équilibre et risquer de dégrader le bâtiment plutôt que de l’améliorer.
Gérer la sensibilité à l’humidité du mâchefer
Le mâchefer est sensible à l’humidité, ce qui est un avantage pour le confort… jusqu’à une certaine limite. En effet, si le mâchefer, qui est un matériau poreux, se gorge trop d’humidité, des risques de dégradations peuvent survenir : du désordre esthétique (salissures sur les façades, effritement des crépis, petites fissures) à des problèmes sanitaires (salpêtres), voire même structurels (éclatement de pans de mur, pourrissement des planchers bois, fissures structurelles ...).
Il faut donc protéger au maximum les murs de l’eau, particulièrement sous sa forme liquide : la pluie et les remontées capillaires. Lors de leur construction, les murs en mâchefer étaient protégés :
- Des remontées capillaires par des soubassements en pierre ou en galet
- De la pluie par un enduit chaux ou ciment capable d’être imperméable sans pour autant être étanche à la vapeur d’eau.
Avec le temps, les soubassements peuvent ne plus jouer correctement leur rôle, la façade peut avoir été ravalée avec l’application d’un enduit ciment étanche à la vapeur d’eau, et les sols environnant le bâtiment peuvent avoir été imperméabilisés, avec un trottoir en goudron par exemple.
Dans ce cas, vos murs se transforment en autoroute pour les remontées capillaires. Il est alors indispensable de traiter ces remontées capillaires avant de prévoir la rénovation de votre maison ou même un aménagement intérieur.
Seul un bureau d’étude spécialisé pourra procéder à l’identification de remontées capillaires et préconiser des solutions adaptées à votre maison. En effet, les remontées capillaires sont une pathologie du bâtiment délicate à identifier et à traiter et cela encore plus sur un bâti ancien.
Les solutions pouvant être envisagées sont multiples : décaissement des soubassements, installation d’un drain périphérique, installation d’une ventilation mécanique… Généralement, pour traiter les remontées capillaires, les murs sont mis à nu afin de permettre à l’humidité de s’évacuer. Or, dans le cas de murs en mâchefer, retirer un enduit ciment épais et présent depuis de longues années peut les fragiliser fortement. Il sera là encore nécessaire de procéder à un diagnostic qui viendra définir si un étayage doit être réalisé pour retirer l’enduit étanche.
La résistance structurelle et le principe de dilatation
Les murs en mâchefer sont autoportants : ils ne sont pas porteurs mais ils participent comme un tout indissociable à la résistance structurelle du bâtiment. Toute intervention sur les murs doit donc être soumises à un diagnostic structurel et être réalisée par un professionnel.
Comme beaucoup d’autres matériaux, les murs en mâchefer sont soumis au principe de dilatation et de rétractation, sous l’effet des variations de températures et de l’humidité.
Si vous avez pour projet d’ajouter une extension, il sera nécessaire de désolidariser l’extension du bâtiment en mâchefer. De même, avant toute pose de revêtement de sol ou mural, il faudra anticiper ce phénomène de dilatation. Y compris si vous avez besoin de couler une chape en béton.
Vous l’aurez compris, le mâchefer est un matériau sensible qui requiert des attentions toutes particulières. Avant de rénover votre maison en mâchefer, veillez à bien respecter trois règles de base :
- Règle n° 1 > Faire réaliser des diagnostics avant toute intervention
- Règle n° 2 > Utiliser des matériaux ouverts à la vapeur d’eau pour les enduits extérieurs
- Règle n° 3 > De manière générale, conserver la capacité de séchage de la paroi
Comment isoler une maison en mâchefer ?
Venons-en maintenant à l’épineuse question qui se pose souvent quand on possède une maison en mâchefer : doit-on isoler les murs et si oui, comment ?
Le mâchefer ne possède pas de qualité isolante mais apporte un certain confort du fait de son inertie et de son hygrométrie, et aucune réglementation n’impose d’isoler les murs d’un bâtiment ancien. Cependant, isoler ses murs permet de faire des économies d’énergie.
Isoler les murs par l’intérieur
L’isolation par l’intérieur peut être une solution mais elle supprime le confort apporté par l’inertie et ne permet pas de traiter les ponts thermiques des murs de refends et des planchers intermédiaires.
En contrepartie, elle a pour avantage, sous certaines conditions, d’apporter une bonne étanchéité à l’air au logement. Et cette étanchéité à l’air est une source de confort et de santé du bâtiment, car elle facilite la maîtrise des flux d’air et d’humidité, avec l’appui d’une ventilation mécanique.
En fonction des cas, les solutions d’isolations thermiques par l’intérieur sur des murs en mâchefer ne sont pas toujours évidentes, et si elles sont mal conçues ou mal posées, elles peuvent endommager l’existant (on l’a vu, un mur en mâchefer a besoin de sécher). Si vous envisagez une isolation par l'intérieur de votre maison en mâchefer et que vous n'êtes pas un expert de la question, faites-vous accompagner par un spécialiste !
Isoler les murs par l’extérieur
Plus facile à mettre en œuvre (sous réserve que le PLU de votre municipalité permette la modification de votre façade), l’isolation des murs par l’extérieur ne présente aucun risque de concentration d’humidité dans les murs et l’isolant, à condition de choisir un isolant fibreux, ouvert à la diffusion de la vapeur d’eau.
L’ITE peut être réalisée sous enduit (et dans ce cas, l’enduit devra être ouvert à la vapeur d’eau) ou sous bardage, à condition que le mur puisse en supporter le poids.
On vous l’accorde, rénover une maison en mâchefer, c’est un peu technique...Vous avez encore des interrogations à lever avant de vous lancer ? N’hésitez pas à vous adresser directement à un professionnel de votre région.