Comment choisir son isolant : critères et conseils
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Economies d’énergie, économies sonnantes et trébuchantes, confort accru… C’est décidé, vous allez faire isoler votre chez vous, et c’est une très bonne idée ! Mais devant la liste à rallonge des matériaux d’isolation, leurs noms parfois barbares, associés à ces curieuses lettres incompréhensibles parées de chiffres tout aussi obscurs, vous ressentez comme un grand moment de solitude… Critères économique, écologique, performance thermique versus épaisseur, aspect phonique, qualité de l'air intérieur, nombreuses sont les données qui rentrent en ligne de compte... Pas de panique ! Des contraintes et besoins à prendre en compte aux caractéristiques des différents matériaux, en passant par le décryptage des signes ésotériques du monde de l’isolation, on vous donne toutes les clés pour bien choisir votre isolant !
Pour commencer, un petit retour aux basiques : comment fonctionne l’isolation ?
L’isolation, au sens thermique, c’est ce qui va permettre de réduire la conductivité thermique, c’est-à-dire, le transfert de chaleur entre l’intérieur et l’extérieur. Et c’est là que la résistance thermique entre en jeu !
La résistance d’un isolant est définie en fonction de son épaisseur et de son lambda : R = e/ λ.
On peut faire une analogie avec la conductivité électrique : les matériaux métalliques conduisent plutôt bien l’électricité, comme la chaleur. A contrario, le bois ne conduit pas l’électricité et conduit mal la chaleur (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous remuez vos pâtes avec une cuillère en bois plutôt qu’en métal).
Les matériaux isolants ont des lambda qui peuvent varier du simple au double (de 0.022 W/m2.K pour les panneaux de polyuréthane à 0.04 W/m2. K pour le liège).
La résistance thermique a une valeur réglementaire en construction neuve comme en rénovation. Ces valeurs diffèrent selon le type de mur ou de paroi et selon que l’on se trouve en neuf ou en rénovation.
Dans le cas de travaux prévus sur les parois (un ravalement de façade ou une réfection de la toiture par exemple), isoler permet également de bénéficier d’aides financières à la rénovation énergétique, au premier plan desquelles Ma Prime Rénov…. à condition de choisir des isolants dotés de la bonne résistance thermique et de les faire installer par un professionnel RGE !
Isolation : quelle résistance pour quel usage ?
R = e/ λ | Valeur réglementaire en rénovation | Valeur minimale pour bénéficier des aides | Valeur conseillée pour le neuf |
---|---|---|---|
Combles perdus | 4,8 | 7 | 8 |
Combles aménagés | 4 | 6 | 8 |
Toiture terrasse | 2,5 | 4,5 | 8 |
Planchers bas | 2 (2,3 pour sol sur extérieur ou parking) | 3 | 4 |
Murs extérieurs | 2,3 | 3,7 | 5 |
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Besoins, contraintes : quels sont les principaux critères à prendre en compte pour choisir son isolant ?
Selon que l’on vive sous des latitudes froides ou plus clémentes, on ne choisira pas le même type de système isolant : dans certains cas on veillera à préserver l’inertie de la maison pour garantir son confort d’été et on valorisera un matériau isolant à forte résistance thermique si notre préoccupation première est de se protéger du froid. Le pouvoir isolant du matériau est un critère important mais le choix du matériau d’isolation dépendra surtout du système constructif de votre logement.
Point vital à garder en tête en rénovation pour conserver un habitat sain : il est important de conserver la capacité de séchage des parois, et donc de veiller à ne pas emprisonner l’humidité pour garantir la durabilité de la structure. Pour cela, l’isolant que vous choisissez doit être compatible avec les matériaux dans lesquels vos murs sont construits. Un professionnel qualifié saura vous orienter vers les bonnes options.
Les contraintes dimensionnelles entrent également en ligne de compte. On ne pourra par exemple pas mettre la même épaisseur d’isolant si les combles sont aménagés ou pas, puisque la hauteur sous plafond est un critère à prendre en compte dans le premier cas, et non dans le second. L’espace disponible, la maximisation de sa surface habitable détermineront donc l’épaisseur d’isolant et aboutiront à choisir un isolant à fort pouvoir isolant pour mettre en œuvre une couche d’isolation plus fine.
Un autre critère - qui a sa petite importance - est celui du prix, les différences entre les différents matériaux isolants pouvant être conséquentes. Pour une même résistance thermique, la laine minérale sera par exemple trois fois moins chère que du polystyrène extrudé…
Mais ce critère est à relativiser, car lorsque l’on fait ou refait son isolation, on souhaite être tranquille pour longtemps. C’est là que la durée de vie de l’isolant, et plus particulièrement ses capacités à résister aux détériorations, entrent en ligne de compte.
Ainsi, gardez à l’esprit que les isolants en vrac pourront avoir tendance à se tasser avec les années et avec l’humidité, et donc à perdre un peu de leur pouvoir isolant contrairement à des conditionnements en rouleaux ou en panneaux. Les matériaux souples ont connu des développements techniques récents permettant de leur conférer une meilleure résilience et donc de maintenir leur épaisseur dans le temps.
De même, tous les matériaux isolants n’ont pas la même sensibilité à l’eau et les mêmes comportements vis-à-vis de l’humidité.
L’eau nuit aux performances d’isolation, et l’humidité peut favoriser les développements biologiques (bactéries, champignons, etc…) : une mauvaise gestion de l’humidité dans la paroi va ainsi dégrader les performances thermiques de l’isolation et risque de générer des pathologies et désordres. Outre le choix du matériau, c’est surtout à la conception de la paroi qu’il faudra faire attention, pour associer les bonnes solutions entre elles. Les avis techniques et DTU sont là pour donner les bonnes pratiques : dans de nombreux cas, la pose d’une membrane pare-vapeur placée face chaude de l’isolant sera par exemple incontournable pour éviter la migration de vapeur d’eau depuis l’intérieur vers l’isolant.
Par ailleurs le prix de l’isolant reste modéré au regard du prix de la mise en œuvre, donc quitte à isoler, autant le faire bien… du premier coup !
Choisir une isolation, c’est aussi choisir une qualité de vie
On n’y pense pas toujours, mais le type d’isolant choisi peut avoir une forte influence sur notre qualité de vie.
Côté qualité de l’air intérieur, l’étiquette sanitaire obligatoire d’un isolant vous donne une indication sur les émissions de composés organiques volatiles qu’il émet : nous vous recommandons de choisir des produits notés A à A+++. Mais gardez bien en tête qu’une mauvaise conception de la paroi isolée et une mauvaise mise en œuvre pourrait générer des soucis de qualité de l’air intérieur, même si l’isolant est très bien noté !
Coté confort acoustique, le choix de l’isolant dépendra du bruit émanant de votre environnement direct et votre besoin de calme. Sachez sur ce point que les isolants fibreux, associés à des parements rigides, donnent généralement de bonnes performances phoniques.
Côté sécurité en cas d’incendie, là aussi les disparités sont grandes : certains isolants résisteront longtemps aux attaques du feu là ou d’autres s’enflammeront très rapidement et viendront même le nourrir. Par ailleurs, la toxicité des fumées engendrées est un point de vigilance. Le classement au feu des matériaux est généralement précisé dans le cadre d’une certification ACERMI, c’est pourquoi nous ne pouvons que vous conseiller de vous y référer.
Côté bilan écologique, si l’on se penche sur l’impact des matériaux d’isolation sur la santé de notre bonne vieille planète, pas de mystère : certaines solutions semblent bien plus vertueuses que d’autres, moins consommatrices d’énergie grise (c’est l’énergie nécessaire pour la production de l’isolant) et moins émettrices de C02 (toujours lors de leur phase de production).
Les isolants biosourcés (laine de bois, laine de chanvre, laine de coton, laine de lin, liège, fibre de coco, chaume…) utiliseront par exemple des matières premières qui sont des puits de carbone, c’est-à-dire qu’elles captent le C02 atmosphérique lorsqu’elles poussent (on parle de carbone biogénique).
D’autres tels que la laine de verre, la ouate de cellulose, sont produits via le recyclage de déchets et leur donnent ainsi une seconde vie…
Certains isolants seront produits en France, d’autres viendront du bout du monde, le bilan transport ne sera donc pas le même !
Cependant, c’est bien à l’échelle du projet global et sur la base d’une analyse du cycle de vie des matériaux qui le composent et du chantier (mesure des impacts depuis la production jusqu’au recyclage en passant par le transport, la mise en œuvre, l’usage…) que l’on doit considérer la question environnementale, une somme d’éco composants ne donnant pas toujours une construction plus écologique….
Voilà, vous savez tout sur les critères de choix d’un isolant. Comme vous l’avez compris, chaque cas amène une solution adaptée. Faites-vous accompagner par un professionnel pour le diagnostic et donc la mise en œuvre de la bonne réponse.